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Nous sommes trois jeunes architectes, amies, où notre culture architecturale sensible et nos convictions environnementales communes ont pris racine à l’École Nationale Supérieure d’architecture de Marseille en 2012, en master H21 : Comment habiter le monde au 21ème siècle ?

En prenant notamment en considération la matière et le lieu dans la conception d’un projet. Il est ainsi essentiel de se renseigner sur les matériaux de construction avec précision, d’obtenir des informations au sujet de leur provenance, leur fabrication, leur composition, leur empreinte carbone, leur mise en œuvre possible, leurs caractéristiques structurelles, thermiques et physiques, leur coût, leur entretien, leur vieillissement dans le temps, et autres.

Cet idéal de pratique écoresponsable nous a menées à créer l’outil dont nous avions besoin pour la concrétiser : Ma Palette, une [éco]matériauthèque en ligne qui source des matériaux de construction écologiques et/ou Made in France, des professionnels et des exemples de réalisation.

Fondée en 2021, notre société de l’ESS (économie sociale et solidaire) a mis en ligne la première version de la plateforme en mars 2022. Cet outil se veut commun à tous les acteurs du bâtiment et du matériau. Son accès est gratuit afin d’accélérer l’assimilation de la pratique éco-constructive à grande échelle, sur tout type de projet et via tout type d’acteurs.

Comment fonctionnez-vous ?

Nous travaillons beaucoup en ligne, comme l’outil l’induit, mais nous tenons à préserver la qualité des relations humaines qui nous motive à le construire.

Le digital a tendance à effacer les limites du temps et de l’espace, nous faisant perdre ces notions. Nous voulons tout et tout de suite. Ce qui conduit aux dérives de surconsommation, de pollution ou d’homogénéité culturelle. Pourtant, nous ne pouvons pas construire ici comme nous construisons là-bas. Nous comptons utiliser le digital pour, au contraire, “reconnecter les humains à leurs territoires et les ressources qu’ils sont en capacité d’offrir”.

En conception, nous prônons de penser à la matière avant de dessiner le volume à construire. Quels matériaux sont disponibles localement pour quelles typologies constructives ? Quelles sont les caractéristiques de ces matériaux et comment dessiner les volumes du bâtiment en fonction de ça ? Quel caractère ces matériaux vont donner au bâtiment ?

Nous ne sommes fermées à aucun type de matériaux. Comme le dit l’adage “le bon matériau au bon endroit”. L’important est de composer une “palette” de matériaux où chacun d’eux aura un rôle à jouer dans la typologie constructive. Comme le béton peut permettre la mise en œuvre d’une structure bois. Le tout, en faisant diminuer progressivement, projet après projet, le bilan carbone de la palette, avec des matériaux de plus en plus vertueux et des savoir-faire de plus en plus pointus.

Nous construisons également un comité d’orientation pour co-construire avec des filières, des organismes et des collectivités l’avenir de ce catalyseur de la construction écologique.

Quels sont vos atouts dans l’éco-bâtiment ?

La matériauthèque en ligne vient en réponse au besoin de concevoir et de faire l’architecture autrement, en s’inscrivant dans des problématiques de RE2020, d’identité culturelle régionale, d’économies locale et circulaire.

La matière, le matériau, sont à la base de toute matérialisation de l’habitat. Les ressources surexploitées, la pollution, et la recherche d’économie d’énergie font évoluer les techniques de construction, les nouvelles normes et les réglementations.

Ma Palette met en avant les ressources naturelles ou transformées qui font l’objet d’efforts éco-responsables : matières premières renouvelables ou recyclées, diminution des consommations d’énergie lors de la transformation, étapes simplifiées et limitation des transformations moléculaires (état brut), aspect recyclable… Dont des innovations qui cherchent à se rendre visibles.

La plateforme facilite le choix des matériaux de construction de façon judicieuse dans un contexte de plus en plus contraint et en pleine refondation. Elle s’inscrit à la fois dans la transition numérique et dans la transition écologique.

Il y a des tonnes de pierres complémentaires à ajouter à cet édifice en construction. Le tout vise à être simple, évident et ancré.